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Contrôle – Le cerveau humain est le nouveau champ de bataille de l’OTAN

Contrôle – Le cerveau humain est le nouveau champ de bataille de l’OTAN

Avec l’aide de Big Data et des nouvelles technologies, l’OTAN entend changer non pas ce que les gens pensent, mais comment ils pensent. Et ainsi « faire de chacun une arme ».

Le cerveau sera le champ de bataille du XXIe siècle, estime l’OTAN, qui a opéré un changement stratégique majeur. Jusqu’à présent, l’organisation transatlantique définissait cinq zones opérationnelles pour ses activités militaires, à savoir la terre, la mer, l’air, l’espace et le cyberespace. Mais pour les têtes pensantes de l’alliance, les conflits actuels et futurs ne seront plus seulement « cinétiques », c’est-à-dire limités aux mouvements et aux destructions physiques, mais se situeront – et seront remportés – ailleurs.

Selon Hervé Le Guyader, l’initiative « Five Brains » sera lancée en 2024. Le Guyader est professeur de biologie évolutive à l’Institut des sciences cognitives de Bordeaux et a étudié les « armes des neurosciences ». L’auteur conclut qu’ »en effet, l’esprit humain devrait être la zone d’opération la plus proche de l’OTAN ».

L’objectif de la guerre cognitive est de faire de chacun une arme. Partant de ce constat, François du Cluzel, un officier français qui a participé en 2013 à la création du NATO Innovation Hub (iHub), a longuement évoqué sa vision des conflits de demain dans une publication intitulée « La guerre cognitive ».

Il a été publié à la fin de l’année 2020, avec un objectif aussi ambitieux qu’éthiquement discutable. S’il est nécessaire de noter qu’iHub précise, comme l’exige la loi, que les opinions exprimées sur sa plateforme ne constituent pas le point de vue de l’OTAN, il est tout aussi nécessaire de rappeler que le think tank est sponsorisé par Allied Command Transformation, chargé d’explorer le sujet de la guerre cognitive.

Pirater l’individu

L’idée de François du Cluzel est d’exploiter les « vulnérabilités du cerveau humain » ou de « pirater l’individu », afin de mettre en place dans les pays ciblés une ingénierie sociale poussée qui permettra de vaincre l’adversaire selon le principe fondateur de Sun Tzu : « L’art suprême de la guerre est de soumettre l’ennemi sans combattre ».

Bien sûr, ce concept, qui s’apparente à la guerre de l’information, n’est pas en soi révolutionnaire. Il a toujours existé et a pris une nouvelle dimension au cours des dernières décennies sous l’impulsion des théories d’Edward Bernays, père de la manipulation de l’opinion publique. Mais l’angle sous lequel l’OTAN l’envisage aujourd’hui est beaucoup plus large, à la mesure des « opportunités » offertes par les progrès technologiques.

Au-delà de la guerre de l’information, « la révolution des technologies de l’information permet des manipulations cognitives d’un nouveau genre, à une échelle sans précédent et très élaborée », a souligné François du Cluzel. Dans une discussion entre experts organisée sur le sujet le 5 octobre, rapportée par le journaliste de The Gray Zone Ben Norton, François du Cluzel définit la guerre cognitive comme « l’art d’utiliser les technologies pour modifier la cognition de cibles humaines ».

Une guerre sans fin ?

La guerre cognitive n’est pas seulement un autre mot pour désigner la guerre de l’information. C’est une guerre contre notre processeur individuel, le cerveau. Cette dernière réflexion constitue d’ailleurs le but de cette nouvelle stratégie et représente un véritable saut quantique par rapport à l’approche traditionnelle de la question, puisqu’elle vise la manière même dont notre cerveau traite et transforme l’information en connaissance, plutôt que de se contenter de cibler l’information seule.

Pour mener à bien cette stratégie, « actuellement développée à Norfolk » aux Etats-Unis, l’officier français recommande dans sa publication de s’appuyer sur un cocktail particulièrement explosif, à savoir l’utilisation à des fins militaires des NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, technologies de l’information et sciences cognitives), qui, intégrées dans le cadre de la guerre cognitive, peuvent « constituer un moyen sûr de domination militaire dans un avenir proche ».

François du Cluzel a cité les « adversaires » russes et chinois de l’Alliance atlantique. « Le développement de techniques capables de nuire aux capacités cognitives des adversaires sera une nécessité. En d’autres termes, l’OTAN devra acquérir la capacité de sauvegarder son processus de décision et de perturber celui de l’adversaire. »

La guerre cognitive est potentiellement sans fin puisqu’il ne peut y avoir de traité de paix ou de reddition pour ce type de conflit. Offensivement, la réponse est donc claire. Sur le plan défensif, elle est plus alambiquée. Mais un autre élément de réponse se trouve un peu plus loin dans le texte : « Tout utilisateur des technologies modernes de l’information est une cible potentielle. Il vise tout le capital humain d’une nation. […] L’objectif de la guerre cognitive est de nuire aux sociétés et pas seulement aux militaires, ce type de guerre ressemble aux ‘guerres de l’ombre’ », insiste François du Cluzel, tout en ajoutant que « le concept moderne de la guerre n’est pas une question d’armes mais d’influence ».

La victoire sera définie « davantage par la conquête du terrain psycho-culturel que par celle du terrain géographique », a-t-il poursuivi, citant Robert H. Scales. Le champ d’application de cette stratégie ne connaît pas de limites : « Même si une guerre cognitive peut être menée en complément d’un conflit militaire, elle peut aussi être menée seule, sans aucun lien avec un engagement des forces armées. »

La guerre cognitive est actuellement testée au Canada

Cette guerre contre l’être humain, ou la « bataille pour le cerveau » anthropologique, est déjà visible comme une stratégie actuelle. Par exemple, il est particulièrement inquiétant de voir Facebook confier au Conseil atlantique, un think tank proche de l’OTAN, la tâche de repérer en temps réel les informations sur les « menaces émergentes et les campagnes de désinformation dans le monde » afin de « protéger des élections libres et équitables ».

Selon un rapport publié fin septembre, le Commandement des opérations interarmées du Canada (CJOC) a vu dans l’épidémie de Covid-19 une « occasion unique » de déployer des stratégies de propagande à destination de ses propres citoyens. L’opération menée par ce membre de l’OTAN consistait à « façonner » et « exploiter » l’information, dans le but affiché d’éviter la « désobéissance civile ».

Le chef d’état-major du CJOC, le contre-amiral Brian Santarpia, a décrit l’opération comme « une occasion d’apprentissage pour nous tous et une chance de commencer à intégrer les opérations d’information dans notre routine », décrivant la réponse à la pandémie comme une occasion « de surveiller et de recueillir des informations publiques afin d’améliorer la sensibilisation pour une meilleure prise de décision du commandement ».

Par coïncidence, le Canada accueillera fin novembre un congrès de l’OTAN intitulé « The Invisible Threat : Tools to Counter Cognitive Warfare ».

Texte: Aube Digitale

Publié le 25 Octobre 2021

 

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