Les températures en France pourraient fortement augmenter à la fin du siècle
Météo France révèle que la température moyenne pourrait croître de six degrés par rapport à la période 1976-2005 si aucune politique de régulation du climat n’était mise en place.
D’ici la fin du siècle, les étés en France pourraient bien devenir synonymes de souffrance. Météo France publie ce lundi 1er février de nouvelles projections climatiques «pour la métropole au XXIe siècle» qui démontrent que les températures moyennes pourraient fortement augmenter sur la période 2070-2100. Des hausses qui pourraient atteindre les + 6°C par rapport à la période 1975-2005, selon le scénario le plus alarmiste. «Toutes les observations recueillies à l’échelle planétaire confirment à présent une accélération sans précédent du changement climatique et les conséquences de ce dérèglement se multiplient […] La France n’est pas épargnée», indique la PDG de Météo France, Virginie Schwarz, en préambule du rapport.
Météo France présente différentes projections sur trois périodes (2021-2050, 2041-2070 et 2071-2100) et selon trois scénarios du niveau des émissions de gaz à effet de serre. Le premier (nommé RCP 2,6), correspond à un scénario selon lequel les rejets d’émissions diminueraient rapidement pour atteindre la neutralité carbone vers 2070. «C’est le seul qui respecterait l’accord international de Paris [dont l’objectif est de limiter le réchauffement climatique à un niveau inférieur à 2°C, voire 1,5°C, ndlr]», précise le rapport.
Dans le second (le RCP 4,5), les émissions continuent, dans un premier temps, de croître avant de décroître à partir du milieu du siècle. Et le troisième (RCP 8,5) correspond à une émission de gaz à effet de serre ininterrompue décrivant un futur excluant toute politique de régulation du climat. Malgré les différents scénarios, une certitude demeure cependant : «Dans les deux ou trois prochaines décennies […] le réchauffement va se poursuivre», affirme Jean-Michel Soubeyroux, directeur adjoint de la climatologie à Météo France au Monde, qui a eu accès au rapport en avant-première. «Mais, à partir de 2040-2050, tout est possible. Cela dépend de nos actions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre», poursuit-il.
Ainsi, si celles-ci venaient à continuer à croître, la température moyenne augmenterait de 3,9°C à la fin du siècle par rapport à la période 1976-2005 avec des pics à + 6°C de températures moyennes sur la période juin-juillet-août. Dans le second cas, le RCP 4,5, cette hausse des températures atteindrait déjà 2°C; et se limiterait à 1°C pour le scénario le plus optimiste qui prévoit une baisse rapide des émissions de gaz à effet de serre.
Jusqu’à deux mois entiers de canicule
Concernant les vagues de chaleur, le nombre de période de cinq jours consécutifs durant lesquels on remarque des températures supérieures à 5°C est multiplié par deux dans le scénario optimiste, par trois ou quatre dans le scénario intermédiaire et par cinq à dix pour l’hypothèse la plus pessimiste. Il y aurait donc 20 à 35 jours de canicule en moyenne par an dans le scénario 4,5. Cela alors qu’on n’a compté que trois à quatre jours de ce type sur la période 1976-2005. Cette hausse pourrait s’étendre à même un ou deux mois entiers l’été dans les régions françaises les plus chaudes comme l’arc méditerranéen, le couloir rhodanien ou la vallée de la Garonne.
D’ici la fin du siècle, le nombre de nuits tropicales (durant lesquelles on constate des températures minimales quotidiennes supérieures à 20°C) devrait aussi augmenter. Elles pourraient «revenir régulièrement [même] en cas de scénario RCP 2,6», à hauteur de 20 jours par an explique le rapport, alors qu’elles sont aujourd’hui quasi-inconnue dans le nord de la France. Dans l’hypothèse la plus pessimiste, elles pourraient atteindre 30 à 50 nuits par an et même 90 nuits dans les régions les plus chaudes comme l’arc méditerranéen. Soit trois mois de nuits insoutenable.