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Gaza subit la journée de bombardements la plus sanglante depuis lundi, une voiture fonce dans des policiers à Jérusalem-Est

Gaza subit la journée de bombardements la plus sanglante depuis lundi, une voiture fonce dans des policiers à Jérusalem-Est

Les missiles israéliens ont tué au moins 42 personnes à Gaza, selon les secours locaux, le bilan quotidien le plus lourd depuis une semaine. Dans le même temps, sept personnes ont été blessées dans une attaque à la voiture bélier dans le quartier de Cheikh Jarrah.

Au septième jour d’un conflit d’une « intensité jamais vue » selon la Croix-Rouge internationale (CICR), les frappes israéliennes ont tué, dimanche 16 mai, au moins 42 Palestiniens à Gaza, tandis qu’une attaque à la voiture-bélier a blessé plusieurs policiers israéliens à Jérusalem-Est.

Alors que la nouvelle confrontation, déclenchée le 10 mai entre Israël et les groupes armés palestiniens de Gaza, alarme l’ONU, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni dimanche pour une troisième session d’urgence, sans adoption à ce stade d’une déclaration commune ni propositions permettant d’aboutir à une cessation des hostilités.

Plusieurs blessés dans une attaque à la voiture bélier à Jérusalem-Est

Relativement épargnée ces derniers jours, Jérusalem a été le théâtre dimanche d’une attaque à la voiture bélier contre des soldats israéliens postés dans l’ultrasensible quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé et annexé par Israël.

L’attaque a fait plusieurs blessés selon les secours et la police israélienne – qui parle de sept blessés au total. Cette dernière dit avoir « neutralisé » l’assaillant sans plus de précisions sur son sort ou son identité.

De nombreux policiers sont déployés dans ce quartier de la Ville sainte qui a été le théâtre de manifestations et d’affrontements entre les forces d’occupation et des Palestiniens s’opposant à la possible expulsion de familles locales.

Bombardements meurtriers à Gaza

Depuis les premières heures de dimanche, 42 Palestiniens, dont au moins huit enfants, ont été tués selon les autorités locales dans des bombardements israéliens sur Gaza.

Il s’agit du plus lourd bilan quotidien à Gaza depuis le début de ces violences : au total, depuis le 10 mai, 192 Palestiniens ont été tués, dont au moins 58 enfants, et plus de 1 200 blessés, selon un dernier bilan palestinien.

Le domicile de Yahya Sinouar, le chef du Hamas, bombardé

Après des bombardements dans la ville de Rafah, dans la bande de Gaza, le 16 mai 2021. SAID KHATIB / AFP

Franchissant un nouveau palier dans sa guerre contre le Hamas, l’armée israélienne a aussi annoncé sur Twitter avoir « attaqué le domicile de Yahya Sinouar et de son frère, un militant terroriste », publiant des images d’une maison pulvérisée dans un nuage de poussière.

Des sources de sécurité palestiniennes ont confirmé le bombardement mais on ignore le sort de ce chef du Hamas à Gaza. Le raid aérien a été mené au lendemain de bombardements à Gaza ayant fauché la vie de civils et pulvérisé les locaux de médias internationaux, et de tirs de salves de roquettes vers Israël.

En mars, Yahya Sinouar avait été réélu à la tête du bureau politique du Hamas dans la bande de Gaza, enclave palestinienne de 2 millions d’habitants sous contrôle du mouvement islamiste et sous blocus israélien depuis 2007. Emprisonné pendant plus de vingt ans par Israël et libéré à la faveur d’un échange de prisonniers, Yahya Sinouar a été élu à ce poste en février 2017.

L’armée israélienne, qui a déclaré dimanche avoir ciblé 90 positions du Hamas et du Jihad islamique au cours des dernières vingt-quatre heures, a également affirmé que 120 roquettes avaient été tirées depuis Gaza dans le même temps, parmi lesquelles plusieurs dizaines avaient été interceptées par le système de défense Dôme de fer. Israël accuse le Hamas et ses alliés d’avoir tiré environ 3 000 roquettes depuis lundi. Depuis lundi dernier, dix personnes ont été tuées dont un enfant, et 282 blessées, en Israël, par les tirs palestiniens.

Les journalistes d’Associated Press et d’Al-Jazira à Gaza relogés

Dimanche, un responsable de l’Agence France-Presse dans la région, Sylvain Estibal, a annoncé que l’agence de presse allait accueillir dans ses locaux de Gaza les journalistes d’Associated Press et Al-Jazira, dont l’immeuble a été détruit la veille dans un bombardement mené par l’armée israélienne.

Selon cette dernière, qui avait demandé préalablement l’évacuation du bâtiment, il abritait « des entités appartenant au renseignement militaire » du Hamas, accusé de se servir de civils comme « boucliers humains ». C’était « une cible parfaitement légitime », a déclaré dimanche le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, dans un entretien à la chaîne américaine CBS.

Dans la semaine, deux immeubles où se trouvaient les bureaux de plusieurs médias étaient également partis en fumée. Selon France Inter, Israël interdit toujours l’accès à la bande de Gaza aux médias internationaux.

Le Conseil de sécurité de l’ONU toujours désuni après une troisième réunion d’urgence

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit « consterné » par le « nombre croissant de victimes civiles ». MAHMUD HAMS / AFP

Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni dimanche pour une troisième session d’urgence sur le conflit israélo-palestinien depuis une semaine, sans adoption à ce stade d’une déclaration commune ni propositions permettant d’aboutir à une cessation des hostilités.

La session virtuelle a donné lieu à des diatribes réciproques récurrentes des Palestiniens et des Israéliens. Le ministre des affaires étrangères palestinien, Riyad Al-Maliki, a accusé Israël de « crimes de guerre », dénonçant « l’agression » de l’Etat hébreu contre « le peuple » palestinien et ses « lieux saints ». « Le Hamas a choisi d’accélérer des tensions, utilisées comme prétexte, pour commencer cette guerre » qui a été « préméditée », a rétorqué l’ambassadeur israélien aux Etats-Unis et à l’ONU, Gilad Erdan.

Parallèlement à la réunion, les 15 membres du Conseil de sécurité ont poursuivi des négociations sur un texte commun visant à appeler à la fin des hostilités et réaffirmer le projet d’une solution à deux Etats vivant côte à côte, sur la base des résolutions déjà adoptées par l’ONU.

Mais selon plusieurs diplomates, les Etats-Unis, à la position jugée incompréhensible pour nombre de ses alliés, continuaient dimanche à refuser toute déclaration conjointe. Depuis une semaine, Washington, isolé, a déjà rejeté deux textes proposés par trois membres du Conseil : la Norvège, la Tunisie et la Chine. Le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, a regretté « l’obstruction » américaine pour faire adopter une déclaration.

Les deux premières sessions d’urgence du Conseil de sécurité s’étaient tenues à huis clos et les Etats-Unis, qui préféraient attendre mardi, ne voulaient pas de la réunion de ce dimanche. Leur ambassadrice à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, s’est bornée à réclamer une cessation « du cycle de violences », assurant que son pays « travaillait sans relâche pour une fin des hostilités » et « une paix durable ». En ouverture de la session, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a mis en garde sur le risque d’« une crise sécuritaire et humanitaire incontrôlable » dans la région si un cessez-le-feu n’était pas rapidement imposé.

« L’intensité de ce conflit, c’est quelque chose que nous n’avons jamais vu auparavant, avec des raids aériens incessants sur Gaza qui est densément peuplée, et des roquettes qui frappent des grandes villes en Israël », s’est aussi alarmé Robert Mardini, directeur général du Comité international de la Croix-Rouge. Le pape François a, quant à lui, exprimé sa « profonde préoccupation » face au nouveau cycle de violences.

Alors que les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne se réuniront également en urgence mardi, une délégation américaine, conduite par l’envoyé spécial Hady Amr, a rencontré dimanche le ministre de la défense israélien, Benny Gantz.

Le chef de l’armée israélienne, Aviv Kohavi, a pour sa part déclaré qu’Israël agissait « avec le sentiment de justice (…), que c’est ce qu’il faut faire pour protéger les citoyens d’Israël ». Quant à Benyamin Nétanyahou, il a réitéré que l’opération allait encore « prendre du temps ».

Texte: Le Monde

Publié le 16 MAI 2021

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