Robotique – Des scientifiques ont réussi à construire de minuscules robots capables de se reproduire tout seuls
« C’est quelque chose qui n’a jamais été observé auparavant. »
Une équipe de scientifiques de l’Université du Vermont (UVM) a découvert une nouvelle forme de reproduction dans des organismes conçus par ordinateur (CDO) qu’ils avaient créés auparavant.
Dans cette nouvelle forme de réplication, ces robots ingèrent des organismes unicellulaires et libèrent des « bébés » qui leur ressemblent et bougent comme eux, indique un communiqué de presse de l’université.
L’année dernière, nous vous avions présenté les « xénobots », une nouvelle forme de vie que les scientifiques avaient créée. La vidéo ci-dessous nous rappelle rapidement comment ils ont été fabriqués à partir de cellules d’un embryon de grenouille, puis modelés pour effectuer certaines tâches.
Après avoir conçu ces cellules, les scientifiques ont pu y activer de nouveaux capteurs et moteurs et même les produire plus rapidement. Mais comme toutes les cellules vivantes, ces robots se heurtent à un obstacle : la mort. Quelques jours après leur fabrication, les cellules à l’intérieur des organismes de 0,7 mm commençaient à mourir, ce qui entraînait leur mort.
L’équipe s’est donc demandée s’il existait un moyen de faire en sorte que l’organisme lui-même se reproduise. Elle a posé la question au cluster de superordinateurs Deep Green de l’université du Vermont sous la forme d’un algorithme évolutionnaire. Des milliards de formes ont été testées pour déterminer ce qui permettrait à ces robots de se reproduire et, après des mois d’analyse, le superordinateur est arrivé à une idée familière : Pac-Man.
Les scientifiques ont donc conçu des xénobots « parents » ayant la forme de Pac-Man. À l’intérieur d’une boîte de Pétri, ces robots pouvaient ensuite nager jusqu’aux cellules individuelles et en rassembler des centaines à la fois. Après être restées quelques jours dans la bouche en forme de Pac-Man des xénorobots parents, ces cellules se sont transformées en de nouveaux « bébés xénorobots » qui se déplaçaient et agissaient comme le parent.
« Puis ces parents ont construit des enfants, qui ont construit des petits-enfants, qui ont construit des arrière-petits-enfants, qui ont construit des arrière-arrière-petits-enfants », a déclaré Sam Kriegman, l’auteur principal de l’étude, expliquant comment la conception a donné naissance à des générations de xénobots. « Ce sont des cellules de grenouille qui se répliquent d’une manière très différente de la façon dont les grenouilles le font. Aucun animal ou plante connu de la science ne se réplique de cette manière », a-t-il ajouté.
« Les gens pensent depuis longtemps que nous avons trouvé toutes les façons dont la vie peut se reproduire ou se répliquer. Mais c’est quelque chose qui n’a jamais été observé auparavant », a déclaré Douglas Blackiston, un scientifique de l’université Tufts qui a assemblé les xénobots « parents » et qui est également co-auteur de l’étude, publiée aujourd’hui dans Proceedings of the National Academy of Sciences.
Le professeur Josh Bongard, qui dirige les recherches sur les xénorobots à l’UVM, a déclaré que la compréhension de ces systèmes ouvrirait la voie à de nombreux développements technologiques. Citant le calendrier de développement du vaccin COVID-19, M. Bongard l’a qualifié d’« excessivement long » et a déclaré qu’à l’avenir, grâce à ses recherches, nous pourrions demander à l’IA de fabriquer un outil biologique remplissant des fonctions spécifiques pour nous.
Texte: Anguilles sous roche
Publié le 02 DÉCEMBRE 2021