L’opération qui s’est déroulée “sous les yeux de la Minurso”, les forces d’interposition de l’ONU, a donné lieu le matin à des échanges de tirs mais sans “dégâts humains”, d’après la même source.
“La guerre a commencé. Le Maroc a liquidé le cessez-le feu” qui était en vigueur depuis 1991, a accusé le chef de la diplomatie du mouvement sahraoui du Polisario, Mohamed Salem Ould Salek, joint par l’AFP.
En soirée, le ministère marocain des Affaires étrangères a affirmé dans un communiqué que “le Maroc reste fermement attaché au cessez-le-feu”.
L’opération n’est pas “offensive” mais reflète “la fermeté et la détermination du roi Mohamed VI pour trouver un règlement définitif” face aux “provocations” du Polisario, a affirmé plus tôt à l’AFP le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita.
Ces derniers jours, le roi a échangé des messages avec l’ONU, la France, les Etats-Unis, la Mauritanie, et d’autres pays impliqués dans le dossier pour les prévenir de l’opération destinée à “mettre un terme à la situation de blocage” à Guerguerat, a-t-il dit.
Rabat accuse “le Polisario et ses milices” de mener depuis trois semaines “des actes de banditisme”, de bloquer la circulation et de “harceler continuellement les observateurs militaires de la Minurso” au niveau de Guerguerat.
Appels à la retenue
Le Polisario dénonce l’existence de la route de Guerguerat que Rabat considère comme essentielle pour ses échanges avec l’Afrique subsaharienne.
Les indépendantistes ont condamné “l’agression” du Maroc. “Les troupes sahraouies se retrouvent en situation de légitime défense et répliquent aux troupes marocaines”, a déclaré Mohamed Salem Ould Salek.
Lundi, le Polisario avait menacé de mettre fin à l’accord de cessez-le-feu si le Maroc introduisait des troupes ou des civils dans la zone-tampon de Guerguerat.
Cette région a déjà été au centre de vives tensions entre le Polisario, mouvement soutenu par l’Algérie, et le Maroc qui se disputent depuis des décennies le territoire désertique, malgré les efforts de règlement de l’ONU.
A Nouakchott, les Affaires étrangères ont appelé “à la retenue” et invité “tous les protagonistes à oeuvrer dans le sens de la préservation du cessez-le-feu”. Dès mercredi, l’armée mauritanienne avait renforcé ses positions à la frontière avec le Sahara occidental.
L’Algérie a, elle aussi, exhorté les deux camps à faire preuve “de retenue”, en appelant à l’arrêt immédiat des opérations militaires.
La France a appelé vendredi soir à “tout faire pour éviter l’escalade et à revenir au plus vite à une solution politique”, a rapporté le ministère français des Affaires étrangères à l’AFP. Paris préconise “la nomination dans les meilleurs délais d’un nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies”.
Saisir le Conseil de sécurité
La direction du Polisario a demandé au patron de l’ONU de saisir le Conseil de sécurité afin de faire cesser “l’agression marocaine contre des Sahraouis qui manifestaient pacifiquement à Guerguerat”, selon une lettre de l’ambassadeur sahraoui en Algérie, Abdelkader Taleb Omar.
Selon des diplomates à l’ONU à New York, des échanges sont en cours pour une éventuelle réunion informelle du Conseil de sécurité mais pas avant la semaine prochaine.
Un groupe de routiers marocains avait lancé la semaine dernière un appel au secours aux autorités du Maroc et de la Mauritanie, en affirmant être bloqués par des “milices affiliées à des séparatistes”, au poste-frontière de Guerguerat.
Il y avait 108 routiers bloqués côté mauritanien et 78 de l’autre côté de la frontière, avec des véhicules de différentes origines -Maroc, Mauritanie ou France-, selon une source diplomatique marocaine.
Le Maroc contrôle 80 % de l’ancienne colonie, ses gisements de phosphate et ses eaux poissonneuses dans sa partie ouest, le long de l’océan atlantique. Il veut une “autonomie sous contrôle” du territoire, où de grands chantiers de développement marocains ont été lancé ces dernières années.
Le Polisario, qui a proclamé une République sahraouie (RASD) en 1976, milite pour l’indépendance et réclame un référendum d’autodétermination.