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Thaïlande, Philippines, Laos… En Asie, une nouvelle vague de contaminations qui devrait inquiéter le monde

Thaïlande, Philippines, Laos… En Asie, une nouvelle vague de contaminations qui devrait inquiéter le monde

Si l’Inde retient l’attention du monde avec ses centaines de milliers de nouveaux cas quotidiens, d’autres pays du continent sont confrontés à un retour en force de la pandémie de Covid-19, posant la question cruciale de l’accès aux vaccins

Le Népal a besoin d’urgence d’au moins 1,6 million de doses du vaccin d’AstraZeneca pour administrer les secondes injections, alors que le pays est confronté à une nouvelle vague de Covid-19. Selon le ministère de la Santé népalais, les personnes qui ont déjà reçu la première dose seront en difficulté si elles ne reçoivent pas leur deuxième dose dans les délais impartis. Le Premier ministre K.P. Sharma Oli a lancé lundi un appel pour des vaccins, afin d’éviter l’effondrement de ses infrastructures sanitaires.

Avec plus de 357 000 nouvelles contaminations et près de 3 500 morts enregistrés mardi, l’Inde a passé le seuil symbolique des 20 millions de personnes infectées par le coronavirus. Même si le gouvernement rapporte un léger tassement dans les statistiques au Gujarat, à New Delhi, au Maharashtra, au Pendjab ou encore en Uttar Pradesh, la situation demeure très critique dans le pays, avec encore de nombreuses pénuries. Malgré l’arrivée de l’aide étrangère et la mise en place d’une logistique d’acheminement ferroviaire d’oxygène vers les grands centres urbains, la pression pour la mise en place de mesures de confinement strictes se fait de plus en plus sentir.

« Le gouvernement n’a rien compris. La seule façon d’arrêter la propagation du corona maintenant est un confinement total. L’inaction des pouvoirs publics tue de nombreux innocents », a tweeté, mardi, Rahul Gandhi, le dirigeant du Parti du Congrès, principale formation de l’opposition. Le Premier ministre, Narendra Modi, n’y est pas, pour sa part, favorable, estimant que les conséquences économiques d’un cloisonnement du pays seraient catastrophiques. Selon les données du Centre de surveillance de l’économie indienne publiées le même jour, plus de 7,3 millions d’emplois ont déjà été détruits en avril sans qu’aucune décision de fermeture soit prise.

 

Quarantaine. Pourtant, les autorités indiennes devraient regarder ce qui se passe dans d’autres pays asiatiques touchés aussi par une nouvelle vague de la pandémie de Covid-19, assez puissante. Depuis plusieurs jours, dans des pays limitrophes comme le Népal ou le Bhoutan, mais aussi en Asie du Sud-Est, le nombre de personnes contaminées est en très forte augmentation. Le Laos est de loin le pays le plus concerné puisque les contaminations y ont fait un bond de 22 000 % d’un mois sur l’autre.

Jusqu’à présent, le pays avait été plutôt épargné, avec seulement 60 cas déclarés et aucun décès, mais il semble cette fois que les nouveaux variants aient eu raison des mesures de contrôle prises pour empêcher l’entrée du virus sur le territoire laotien. Le gouvernement a décrété un confinement de Vientiane, sa capitale, et interdit les déplacements vers la province. La Thaïlande est aussi concernée par cette reprise de la pandémie, avec un accroissement des contaminations de 1000 % entre avril et mai, ce qui compromet sa volonté de relancer le tourisme. Bangkok vient de réintroduire une quarantaine obligatoire de deux semaines pour tous les visiteurs.

Aux Philippines, où le président Rodrigo Duterte a reçu, le 3 mai, sa seconde injection du vaccin chinois Sinopharm, la situation n’est guère meilleure. Le pays a franchi, la semaine dernière, la barre du million de personnes infectées, 26e Etat à ce niveau dans le monde. Les mesures de confinement prises à Manille ne semblent pas avoir permis d’enrayer cette nouvelle vague de contamination. La présence des variants, qu’ils soient britannique ou indien, explique pour une bonne part la dégradation de la situation. Au Népal, comme au Bhoutan, l’arrivée de leurs ressortissants en provenance de l’Inde voisine constitue la principale cause de la soudaine poussée de la pandémie. Pour ces pays mal dotés en équipements, la bataille contre cette nouvelle vague s’annonce compliquée, dans la mesure où les nouveaux virus sont plus contagieux et plus difficiles à éradiquer.

Covax. La situation dans cette partie du monde est assez inquiétante car elle met aussi en évidence les limites des mesures prises jusqu’à présent. En effet, dans la plupart des pays concernés, l’imposition d’un confinement strict n’est plus possible en raison de leur fragilité économique. Ils ne disposent pas de ressources nécessaires pour soutenir un ralentissement voire un arrêt de l’activité. Cela pose de nouveau la question cruciale de leur accès à la vaccination.

C’est là que le bât blesse. L’Inde, l’un des principaux producteurs de vaccins dans le monde, ne dispose pas pour l’instant d’assez de doses pour sa propre population. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a diffusé, mardi, un communiqué en faveur du dispositif collaboratif contre la pandémie qu’elle codirige, selon lequel « Covax a besoin d’urgence de 20 millions de doses au cours du deuxième trimestre de 2021 pour couvrir les interruptions d’approvisionnement provoquées par l’augmentation de la demande de vaccins en Inde, où se trouve son principal fournisseur pour le produit d’AstraZeneca ».

Si l’on ne parvient pas à mettre en œuvre une logistique internationale coordonnée pour assurer l’approvisionnement en sérums des pays les moins favorisés, il est probable que la puissante vague, qui fait tant de ravages en Asie, finisse par déborder ailleurs dans le monde et nécessite de nouvelles mesures fortes alors qu’en Occident, on entre dans une phase d’assouplissements.

Texte: l’Opinion

Publié le 06 MAI 2021

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