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Vaccination Covid-19 – Au Togo, le gouvernement opte pour une stratégie de «la peur»

Vaccination Covid-19 – Au Togo, le gouvernement opte pour une stratégie de «la peur»

Contre le Covid-19, Lomé choisit «une stratégie vaccinale agressive». La Première ministre a même soutenu devant le Parlement qu’il était nécessaire de jouer sur «la peur» pour avoir ce résultat. Les centres de vaccination ont enregistré des affluences record, mais les propos de la chef du gouvernement passent mal.

Vacciner au moins un million de Togolais avant fin 2021, c’est l’objectif affiché par Victoire Tomégah-Dogbé, la Première ministre togolaise devant les députés ce 15 septembre. Elle y est allée pour solliciter un an de prorogation de l’état d’urgence sanitaire, déclaré il y a 18 mois. Une prolongation que le Parlement lui a accordée.

Pour atteindre son objectif de vaccination, la Première ministre du Togo a défendu «une stratégie vaccinale agressive».

Les points clés de cette stratégie avaient été déclinés une semaine plus tôt dans un communiqué. Il s’agit désormais de l’obligation faite à tout citoyen togolais de présenter une preuve de vaccination pour accéder aux bâtiments de l’administration publique, la fermeture pour un mois des lieux de cultes et des grands bars du pays, entre autres.

 

Il s’agit également de renforcer le respect des mesures barrières en y ajoutant «de la répression. Faire en sorte que les Togolais comprennent que s’ils ne respectent pas les mesures barrières, il y aura une sanction», enjoint la Première ministre. En un mot, il s’agit de «faire peur aux Togolais» afin de les pousser à aller se faire vacciner, puisque la stratégie basée sur «la pédagogie» n’a pas été concluante, d’après elle.

«Cette stratégie, nous l’avons jugée pertinente, parce qu’elle pousse tout le monde à faire plus d’efforts pour aller se faire vacciner. Et le résultat est là aujourd’hui. Nous le voyons. Et nous ne devons pas freiner cet élan que nous observons depuis deux ou trois jours dans les centres de vaccinations», a affirmé Victoire Tomégah-Dogbé face aux députés.

D’après la chef du gouvernement, cette stratégie a pris en compte les avis des acteurs togolais de la santé, des dignitaires religieux et les différents responsables des catégories socioprofessionnelles, avec qui elle a dit avoir eu des réunions.

La polémique

La Première ministre togolaise n’a pas échappé aux critiques. Une polémique a éclaté dans les médias et sur les réseaux sociaux à cause des propos qu’elle a tenus et de «la peur» qu’elle entendait inspirer à ses concitoyens.

L’opposant et ancien Premier ministre Kodjo Agbéyomé, actuellement en exil, ou encore le président du Parti des Togolais, Nathaniel Olympio, ont choisi Twitter pour réagir.

D’autres internautes ont critiqué la stratégie de «la peur», qu’ils ont assimilée à une forme de répression de la part du pouvoir en place.

La mobilisation

Il n’en demeure pas moins que les mesures prises s’avèrent payantes, à en juger par la grande affluence enregistrée depuis le début de la semaine du 13 septembre dans les centres de santé. Pour les désengorger, le gouvernement a dû d’ailleurs installer de nouveaux vaccinodromes.

Au centre de santé d’Adakpamé à Lomé, où Sputnik s’est rendu le 17 septembre, le personnel médical est débordé. Au point que les mesures barrières, la distanciation sociale notamment, ne sont plus respectées!

 

«C’est vrai que nous sommes débordés, mais nous essayons de nous organiser au mieux pour servir tout le monde. Le problème est que c’est ici qu’ils viennent pour se faire enregistrer et en même temps se faire vacciner. Or l’enregistrement devait se faire en ligne, avec la réception d’un numéro qui devrait nous être présenté pour aller vite», a confié sur place un infirmier à Sputnik.

Vue partielle de la cour du centre de santé d'Adakpamé
© Sputnik . Alphonse Logo Forte affluence au centre de santé d’Adakpamé (banlieue Est de Lomé)

 

Opération d'enrôlement des populations pour la vaccination au centre de santé d'Adakpamé
© Sputnik . Alphonse Logo Forte affluence au centre de santé d’Adakpamé (banlieue Est de Lomé)

 

Attente pour le vaccin au centre de santé d'Adakpamé
© Sputnik . Alphonse Logo Forte affluence au centre de santé d’Adakpamé (banlieue Est de Lomé)

«Je suis venue parce que j’y suis bien obligée. Je serai à l’université cette année, et comme on le sait, le gouvernement a décidé que l’accès au campus se ferait sur présentation d’une preuve de vaccination. Avant, je ne pensais pas à me faire vacciner, je me disais que je me contenterais d’appliquer les mesures barrières et que ce serait suffisant » a confié à Sputnik Estelle Yovo, étudiante.

Depuis le 10 mars 2021, date du lancement officiel de la campagne de vaccination contre le Covid-19 au Togo, à peine 100 Togolais se faisaient vacciner chaque jour. Du lundi 13 au mercredi 15 septembre 2021, entre 20.000 et 33.000 personnes se sont fait vacciner quotidiennement sur l’ensemble du territoire, d’après les chiffres publiés par la cellule nationale de riposte contre le coronavirus mercredi soir.

Satisfait par cette mobilisation, le gouvernement veut continuer sa stratégie pour éviter que des vaccins reçus ne périment et qu’il soit obligé de les jeter, surtout après avoir dépensé 20 milliards de Fcfa (30,5 millions d’euros) pour la commande de 4 millions de doses.

«Le Togo s’est dit qu’il ne devait pas [être obligé de] détruire un seul vaccin périmé parce que les vaccins coûtent chers», a indiqué Victoire Tomégah-Dogbé, appelant à la «consommation rapide» des vaccins.

Depuis mars 2021, c’est un peu plus d’un million de doses de vaccins anti-Covid-19 que le Togo a réceptionnées via différentes plateformes (sur les 4 millions commandés). Officiellement, 450.000 Togolais ont pu être vaccinés à ce jour.

Texte: Sputnik France

Publié le 20 SEPTEMBRE 2021

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